All Posts By Angelo Di Genova

Un Kiyomizu peut en cacher un autre

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Pour peu qu’on s’intéresse aux voyages au Japon, on connaît forcément le très célèbre temple Kiyomizu de Kyoto. Ce dernier est réputé pour sa construction sur pilotis à flanc de colline et pour ces 3 chutes d’eau que les passants s’empressent de boire en signe de bonne fortune.

Au Japon, il existe plusieurs temples Kiyomizu. Aucun ne saurait égaler l’original mais il est intéressant de découvrir ces copies, qui sont en réalité plus des hommages. Lorsqu’on connaît le grand frère, il est amusant de déceler les similitudes et de le comparer avec ses cadets.

À Osaka aussi il y a un temple Kiyomizu. Fondé en 1640, ce dernier était même quelquesfois nommé le Shin-Kiyomizudera, comprenez, le nouveau temple Kiyomizu.

La terrasse est bien là, en haut d’une colline donnant sur la ville contemporaine. Accoudé sur le rebord, j’aime imaginer la vision qu’il devait y avoir ici au 17e siècle avec toutes ces maisons de bois et les nombreuses rivières d’Osaka. C’est aéré et toujours appréciable de voir des villes avec un peu de hauteur. Le lieu a été choisi pour sa ressemblance avec le temple de Kyoto : flanc de colline à l’est de la cité et petite cascade naturelle.

Le Kiyomizu d’Osaka est aujourd’hui avant tout un cimetière. Sa forme est probablement bien différente de celle lors de sa construction mais le lieu est agréable et a l’avantage, au contraire de son homologue kyotoïte, d’être situé dans une zone peu fréquentée. Ici, globalement, il n’y a que vous, la cloche et la ville.

Le vieil Osaka

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À l’écart de buildings insolents se trouvent à Osaka des petits havres de paix. Au détour des grands axes bondés de la ville se développent des zones souvent inexplorées pleines de surprises. Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’il reste encore de belles traces du passé à Osaka.

Rescapé de la Seconde Guerre mondiale, il y a un quartier que j’affectionne tout particulièrement, fait de vieilles maisons, de ruelles étroites et de passages secrets où les chats font la sieste. Dans le plus pur style rétroshitamachi (la ville basse), ici le temps passe lentement, très lentement. Les seuls bruits que l’on entend sont ceux provenant de quelques petits ateliers et des vendeurs de tofu ou de takoyaki.

De jeunes Japonais, conscient de la richesse du lieu, ont décidés de racheter les vieilles maisons laissées par leur défunts propriétaires et de les transformer en petites boutiques ou en cafés charmants. Ils luttent aujourd’hui contre les promoteurs immobiliers qui rêvent de tout raser pour construire parkings et apartements.

J’aime l’échelle humaine qui règne dans ces rues peu bondées traversées par quelques curieux venus se plonger dans une époque révolue pleine d’attraits et de maisons rafistolées, loin, très loin des clichés sur le Japon.

Et on s’enfonçant encore plus, on trouve encore une partie où aucun revêtement n’a été posé sur le sol. Ici la terre fait encore face au ciel. Il est difficile de décrire ces lieux, véritables musée en plein air. Comment dire, on se croirait dans un pays du tiers-monde mais riche. C’est très particulier et formidablement pictural.

J’aimerais vous poster plein de photos mais je préfère vous inviter à venir voir tout ça de vos propres yeux avec moi à travers les petits passages secrets.

Les pruniers du château d’Osaka

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Les Sakura (cerisiers) et le Hanami sont mondialement connus. Mais à l’ombre des cerisiers se trouvent les pruniers, fleurissant bien avant, lorsque le froid hivernal peut encore parfois gâcher l’envie de contempler les fleurs. Heureusement qu’en mars arrivent déjà de très belles journées.

Dans l’immense parc du château d’Osaka, au coeur de la ville, se trouve un umebayashi, un bosquet de pruniers.

Connu des habitants comme étant un des meilleurs endroits où les admirer, début mars, la foule se rassemble aux pieds du château qui pointe majestueusement vers le ciel. Pour ceux qui ne me suivent pas sur twitter où instagram, voici la composition que j’ai partagé ce jour-là avec des photos prises sur iphone :

Les pruniers sentent bons. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j’adore cette odeur. C’est pour moi le premier vrai signe de l’arrivée du printemps. Et pour les abeilles aussi, c’est le signal qu’il est temps de se remettre au travail.

Le froid de l’hiver estompe les odeurs. Il les empêche de se propager. Début mars, en me promenant sous les pruniers, j’ai l’impression que mon odorat se remet en marche. Tout à coup, c’est toute la nature, toute la ville qui reprend des couleurs et l’air que je respire a à nouveau de la saveur.

Et si vous voulez voir tout ça en mouvement mais sans les odeurs (désolé ^^), cliquez ici !

Super Potato, temple du retrogaming

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Afin d’être plus efficace pendant mes accompagnements sur Osaka j’ai décidé de prospecter le quartier de l’électronique de la ville, DenDen Town et d’améliorer mes connaissance de la culture populaire japonaise « Otaku-Geek ».

Lors d’un live sur Ustream avec David du site lejapon.fr, j’avais découvert l’année dernière l’existence du magasin Super Potato à Akihabara. Super potato est surnommé le temple du Retro-gaming. C’est un peu toute l’histoire du jeu vidéo qui s’étale dans ce magasin et les souvenirs d’enfance refont surface avec un brin de nostalgie.

Je pensais qu’il n’existait q’une seule et unique boutique à Tokyo. Quelle ne fût pas ma surprise lorsqu’en menant ma prospection j’ai découvert qu’il y en avait plusieurs à Osaka ? Un vendeur m’a tout simplement expliqué que Super Potato est une chaîne d’Osaka et qu’il y en a 10 en tout dans la capitale du Kansai.

Super Potato a aussi une boutique dédié uniquement aux jeux de carte. Il me semble qu’on appelle ça « Trading Card » si j’en crois le nom du magasin. Mais je ne suis pas sûr.

Vielles Famicom, NEO-GEO et autres momie du jeu vidéo sont étalées au milieu de centaine de jeux.

Au passage, j’ai même découvert la boutique Tandeidan dans le même genre, au cas où Super Potato ne suffirait pas à rassasier vos envies nostalgiques de vieux jeux.

Lancement des Osaka Safari

La grande nouveauté de cette année 2012 sur le blog est le lancement des Osaka Safari, des visites guidées et personnalisées à travers la ville d’Osaka.

C’est un projet qui se construit conjointement avec David du site lejapon.fr ainsi que Yann du site loeildutako.com

POUR EN SAVOIR PLUS, CLIQUEZ CI-DESSOUS

 

RETROUVEZ LES AUTRES SAFARI AU JAPON

Yann à Hiroshima

 

David à Tokyo

Le berceau du Japon

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Avant Nara, d’innombrables villes ont vues s’établir un Palais impérial au Japon. Osaka bien sûr mais aussi, et surtout, Asuka et sa région qui en a eu plusieurs. Un lieu extrêmement important dans l’histoire japonaise et qui a l’honneur de recevoir parfois la famille impériale. Mais, Asuka n’est pas une grande ville. Ce méconnu berceau culturel ressemble aujourd’hui à ça :

Un village de 6000 habitants entouré de collines et de maisons d’agriculteurs coincées en face de champs.

Entre des rizières encore cultivées « à l’ancienne », des vestiges de vieux Palais dont il ne reste plus grand-chose, on tombe parfois sur de très vieux « kofun« . Le plus marquant est celui d’Ishibutai dont le plus lourd rocher fait environ 75 tonnes.

Asuka est un lieu paisible encore préservé. Pas de buildings, pas d’autoroutes en hauteur, pas de pachinko bruyants et fumants. Personnellement, je ne vois pas de plus bel hommage à un lieu si important.

Asuka, le temple bouddhiste Shitennoji à Osaka, Nara, le sanctuaire Ikuta à Kobe et la ville de Kyoto. Des lieux qui nous rappellent que la région du Kansai est le véritable noyau culturel du Japon que nous connaissons aujourd’hui.

La Shotengai abandonnée – 稲荷商店街

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On appelle au Japon Shotengai, des ruelles marchandes piétonnes. Il y en a des milliers. Celles qui ont le plus de succès se voient recouvertes d’un toit plus ou moins bricolé afin de permettre aux passants de s’y engouffrer sans se soucier du mauvais temps. Ce sont d’ailleurs souvent des refuges astucieux en cas de pluie et les commerçants de se frotter les mains.

Osaka est peut-être la ville la plus célèbre sur ce point. La Shotengai de Tenjibashi, avec 600 magasins étalés sur 2,6 kilomètres, est la plus longue du Japon.

Quelquefois, certaines Shotengai se voient presque abandonnées. Commerçants vieillissants, clients qui désertent petit à petit, en sont les principales causes. D’autres fois, c’est la perte de vitesse économique du pays depuis 20 ans qui se matérialise. La gloire du Japon fait partie du passé. Certains lieux le deviennent donc aussi.
Aujourd’hui, je vais vous parler de la Inari Shotengai à Osaka justement. Une galerie qui se voit au loin comme un gouffre noir hostile et froid.

Quelques boutiques subsistent encore au sein d’une hécatombe de stores fermés et rouillés. Son toit effrité tombe en lambeaux.

Une voiture est garée dans un coin depuis de longues années. Avec ses pneus dégonflés, elle semble vouloir s’enfoncer dans le sol pour se cacher.

« Petit Four », un ancien pâtissier devait faire le bonheur des enfants.

Pourtant, une surprise m’attend. Je tombe sur un petit sanctuaire, témoin de la gloire passée de cette Shotengai. Quelques fois des sanctuaires apparaissent dans ces galeries. Les commerçants y viennent demander la réussite de leurs affaires. Le seul élément entretenu de la Inari Shotengai est son sanctuaire. Il n’en ressort que plus beau par contraste dans cet environnement maussade mais pas dénué de charme.

J’essaie de m’imaginer comment cette ruelle était avant. Mais que la Inari Shotengai se rassure, elle vit encore belle et intense dans l’esprit de certains. Pas du mien, malheureusement.
Mais un jour, moi aussi j’aurais le privilège d’avoir connu des lieux au summum de leur gloire. Et les petits jeunes viendront me voir pour me demander comment c’était en ce temps-là.
On est tous le témoin de quelque chose de rare, sauf qu’on ne le sait pas encore.

Tono, pays des Kappa

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Au coeur de la préfecture d’Iwate se trouve une contrée isolée. Iwate est un nom qui vous est peut-être familier. C’est une des régions qui a été la plus touchée par le tsunami du 11 mars 2011. Mais la contrée dont je vous parle se trouve au coeur des terres, loin de la mer. Pourtant, à travers cette campagne vit un autre genre de menace ancestrale : les Kappa.

Les Kappa sont des créatures du folklore japonais au caractère particulier. Poli mais malveillants. Aujourd’hui, rendu mignon et gentil, on en oublierait presque la peur qu’ils suscitaient aux enfants à l’époque.

Source : www.postacollect.com

Tono est une petite ville entourée de montagnes et de champs. À la lisière de la forêt, lorsque la condensation d’humidité vient s’agripper à la cime des arbres, il règne ici une ambiance mystique régie sous l’ordre des Kappa. À Tono, même le Koban (petit commissariat de police) en a prit la forme.

J’ai poussé mon chemin jusqu’ici pour en voir un ; pour constater de moi-même s’ils sont malveillants ou non. Le voyage a été long mais je me suis bien renseigné. Il existe un bassin nommé Kappa Buchi, où il a été constaté pour la première fois l’existence de ces créatures étranges qui m’ont toujours intriguées. Les Kappa aiment deux choses : l’eau et les concombres. Une fois les deux armes réunies, il ne me restait plus qu’à attendre. Pourtant, les environs ne sont pas ce qu’il y a de plus accueillant.

Les petits Torii abimés et penchés ne m’aident pas à me sentir plus à l’aise. Un bruit souffle dans la forêt. L’eau ruissèle près de moi et le froid m’envahit. Pas de Kappa à l’horizon.

Déçu de ne pas avoir vu de mes propres yeux la créature, je laisse mon concombre près du bassin. Mais, je sais pertinemment que quand je reviendrai ici, il aura disparu. Je n’ai pas vu les Kappa, mais eux, c’est sûr, ils m’ont vu.

Les mots français dans la langue japonaise

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe bel et bien des mots d’origine française dans la langue japonaise.

Quand, je rencontre des Japonais qui s’intéressent à la France je leur demande toujours s’ils connaissent des mots en français. De leur rire gêné, ils affirment, qu’ils ne savent que dire « bonjour » ou « merci« . En réalité et sans le savoir, ils connaissent à peu près tous les mots français de cette liste (non exhaustive) :

La Trace de Richard Collasse – 航跡

« Richard Collasse est né en 1953. Il est le PDG de Chanel K.K. au Japon, où il vit depuis plus de trente ans. La Trace, d’abord publié au Japon en novembre 2006, où il a fait sensation, est son premier roman. »

La Trace, titre français du roman se nomme 航跡 au Japon.  Si on s’amuse à traduire le titre japonais en français on obtient le mot « Sillage ». Le sillage, celui qui se créé par nos actions et nos choix en sillonnant la vie tel un bateau fendant la mer pour avancer.

http://www.mollat.com

Le roman est avant tout la réflexion d’un homme d’âge mûr. La question est simple : la vie peut-elle nous envahir et prendre le dessus sur ce que nous sommes réellement ? Le train-train quotidien, l’accomplissement d’un chemin tout tracé peuvent finir par combler l’âme fougueuse de la jeunesse ?

Richard Collasse a écrit un roman qui fleure bon le Japon. Combien de sourires ai-je esquissés devant les péripéties de ses premiers contacts avec la planète Japon, me retrouvant quelquefois moi-même ? C’est naturel, vrai, authentique et ça tombe souvent très juste. Nous avons à faire ici à un roman écrit par un homme qui aime le Japon. Mais pas cet amour égoïste trop souvent répandu. Il y a ici quelque chose de solide qui relie l’homme à ses expériences passées sur cette terre face à ses autochtones. On sent qu’il s’est plongé dans le bain et a exploré tout le bassin.

Contrairement à Amélie Nothomb, Richard Collasse est un vrai connaisseur du Japon. Contrairement à Nothomb, il ne transmet pas non plus, entre les lignes, une pseudo supériorité arrogante de l’homme blanc envers les Japonais. Une arrogance dont j’ai maintes fois été témoin. L’Occidental juge souvent les choses selon ses propres règles. Normal qu’en participant à un jeu dont il est lui même l’arbitre, il s’en sorte mieux que les autres. Beaucoup n’ont pas compris qu’au Japon, les règles du jeu sont bien différentes et que face à celles-ci, l’Occidental sort presque toujours perdant.

On sent bien que Richard Collase cherche un peu à pointer du doigt certains problèmes de la société japonaise. Mais, il ne le fait pas de manière simplement critique. Il cherche avant tout à ce que les Japonais réalisent eux-mêmes certaines choses. Et pour ça, il leur parle à eux. Ce roman a été édité au Japon avant de sortir en France. C’est avant tout aux Japonais qu’il s’adresse. Il leur permet, le temps d’un livre, de se plonger dans le coeur d’un Occidental et de comprendre.

J’aime la démarche, car critiquer certains points du Japon dans un livre ou sur le Net en s’adressant aux Français ne sert à rien. C’est de l’ordre du loisir ou, encore une fois, une manière de se rassurer sur sa propre supériorité. Si l’on désire un minimum contribuer à améliorer les choses, je pense qu’il faut s’adresser aux principaux acteurs des éventuels points en question.

Il ne sert à rien d’en écrire trop sur ce roman. Je vous invite juste à le lire. La légèreté du début laisse place peu à peu à des notes plus dramatiques. Mais tout est bien mené et structuré. Le récit bascule entre deux époques qui se font face. La jeunesse et la maturité, l’espoir envers l’avenir et la satisfaction des années accomplies qui ont rendu aveugle un homme. Sa vie s’est quelquefois jouée à un fil. Un instant, aussi bref soit-il, peut changer à jamais le cours des choses. Ici, tout se joue en quelques secondes, le temps permettant de faire glisser un shoji.