Partout dans le monde le printemps symbolise le réveil de la nature. C’est le cas aussi au Japon. Mais un élément printanier en particulier jouit d’un engouement national : les cerisiers en fleur.
Qui n’a jamais entendu parler des cerisiers du Japon ? Ces derniers doivent leur réputation à seulement deux semaines dans l’année. Ces deux semaines là, très attendues par les Japonais, sont l’occasion de fêter ce qu’on appelle le Hanami. Littéralement, “hana” pour fleur et “mi” pour regarder. Le principe de cette fête est très simple : regarder les cerisiers.
Traditionnellement, le Hanami consiste à se reposer aux pieds des cerisiers en bonne compagnie et apprécier la beauté des fleurs tout en dégustant des spécialités culinaires. Aujourd’hui, c’est surtout une bonne occasion de boire avec ses amis en organisant des pique-niques dans des parcs. Il en résulte une ambiance très chaleureuse et animée. Les parcs se trouvent agrémentés de forains proposant de la nourriture populaire. Le pays respire la fête. Pourtant, certains fêtards en arrivent à un tel état d’ivresse qu’ils passent à côté de l’essence même de cette fête : regarder les fleurs.
Réunis sous les cerisiers, les Japonais se laissent aller. La hiérarchie s’efface peu à peu pour laisser place uniquement à l’amusement. Les gens se permettent plus facilement de faire des choses considérées comme déplacées et tout le monde est plus tolérant.
Avant le Hanami, les bulletins météorologiques japonais font des prévisions sur les futures floraisons. Le climat n’étant pas le même partout, l’éclosion des fleurs n’arrive pas au même moment dans le pays.
Du début jusqu’à la fin, la période du Hanami est magnifique. Lorsque les pétales tombent des arbres, la beauté ne se trouve plus en levant les yeux mais en les baissant. Sur les routes, l’herbe, les étangs, les bancs, des tapis de pétales blancs ou roses si denses qu’ils recouvrent parfois totalement l’endroit où ils se trouvent. Et le vent fait voler les fleurs des arbres créant de courtes pluies de pétales.
Pourquoi les Japonais vouent-ils un tel culte à ces cerisiers ? Au-delà de la beauté de ces fleurs, c’est la portée philosophique qui se cache derrière elles qui plaît et qui est la base de beaucoup d’éléments de la société japonaise. Tout pourrait être réduit en deux mots : beauté éphémère.
Les fleurs de cerisiers sont belles parce qu’elles sont rares. On en peut en profiter que deux semaines sur une année entière. Cela les rend en quelque sorte précieuses aux yeux des gens. La beauté simple devient magnifique lorsqu’elle est éphémère. On aime l’originalité quand elle est baignée de banalité, on aime la vraie gentillesse car elle est rare, on aime le bien car le mal existe.
La vie au Japon a toujours été basée sur des principes liés à des aspects éphémères. Les gens ont dû se plier aux violentes menaces de la nature et cette dernière a toujours influencé le mode de vie des Japonais. Les fabrications n’étaient pas pensées pour durer comme en Europe et devaient pouvoir être remplacées un jour. Il fallait choisir entre cultiver des biens matériels ou cultiver sa qualité en tant que personne. Depuis toujours, le Japon est une terre qui regorge d’hommes et de femmes qui cherchent à se perfectionner dans leur voie.
Quand on regarde un pétale de cerisier, plus qu’une fleur c’est toute la culture et l’histoire du Japon que l’on voit.
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