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Les sanctuaires d’Ise, un appel vers l’âme du Japon ?

Par Posted on 5 min lecture

Le shintoïsme n’a pas la même origine que le bouddhisme. Il faut bien comprendre qu’à la base, ces deux croyances n’ont pas grand chose en commun. Au cours de l’histoire, elles se sont influencées mutuellement jusqu’à devenir une seule et unique entité, avant d’être à nouveau séparées. Visiter les sanctuaires d’Ise permet de découvrir un shintoïsme plus originel, comme resté dans sa bulle. Il n’y a aucun endroit au Japon qui représente le shintoïsme de manière aussi pure.

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Pour moi, le Japon n’est pas un pays monumental. Sauf pour ceux qui s’intéressent à sa culture et nourrissent l’envie d’y aller après avoir étudié le sujet, ce n’est pas un endroit où les touristes enchaînent les « waouh » lorsqu’ils sont confrontés aux codes esthétique originels. Trop sobre, trop simple, trop discret, pas assez grand, sont des remarques que peuvent aisément ressentir des voyageurs un peu arrivés au Japon comme un cheveu sur la soupe.

Karesansui

Un non initié sera très souvent perplexe devant un jardin sec, sans plantes et verdures, avec pour seule chose à regarder qu’un tapis de cailloux. Le clinquant du Pavillon d’Or parlera beaucoup plus facilement au monde entier car il en met plein la vue et ne requière aucun travail sur soi. Il a quelque chose de monumental que les sanctuaires d’Ise n’ont pas.

Autre exemple : Nikko. Aussi jolis et incontournables que puissent être ses sanctuaires, ils ne représentent que peu la sensibilité esthétique du shintoïsme, et outre mesure, du Japon. Ils sont le pur délire prétentieux du shogun Ieyasu Tokugawa. Nikko a trop de tout. Le sanctuaire Toshogu en met plein la vue avec son style baroque mais que reste-t-il de l’essence discrète et raffinée du Japon ?

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Ise représente ce Japon un peu dur d’accès. Il demande de l’investissement de soi. Il fait appel à notre sensibilité. Il force à revenir à des choses simples et à sentir, avec ses sens et son coeur. Il donne envie d’apprendre les codes, ceux-là même qui permettent aux initiés de comprendre alors que je me sens mis de côté. Aujourd’hui, j’ai finalement compris que plus les formes sont simples et plus le fond est compliqué.

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Les ablutions se font avant de pénétrer dans la forêt. À la base, les sanctuaires shintô ne se trouvent que dans des endroits naturels et beaux. La forêt ici, fait partie intégrante du lieu sacré. Elle est composante du sanctuaire au même titre que ses bâtiments. C’est un tout.

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Construit en hinoki, cyprès japonais, ce sanctuaire n’a comme couleur que celle du bois, de la paille ou encore de la mousse qui s’invite dans des recoins humides. Pas de sculptures décoratives, ni sur le bois ni sur de la pierre. Il est nu et c’est ce qui semble le plus dérouter les touristes. Moi-même en venant la première fois ici je m’attendais à quelque chose de grandiose. Dans ma tête, le sanctuaire shintô le plus important du pays se devait d’être un symbole magnifique et imposant, à l’image d’un vatican pour le catholicisme. Je pensais en Occidental. Le lieu m’avait marqué mais il m’avait aussi vraiment déçu, sans compter que le visiteur n’a pas accès à tous les endroits et que les photos sont parfois interdites. Vous êtes prévenus !

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Aujourd’hui, il est un des endroits que je respecte le plus pour son côté entier. Le Japon est un pays, une culture de l’éphémère. Ici, toute semble transitoire, comme si rien n’était fait pour durer. Ça se ressent au quotidien quand on y vit et c’est parfois dur à accepter. Aussi vieux que puisse être le sanctuaire d’Ise (construit au 7e siècle mais la légende le place un peu avant la naissance du christ), il n’a jamais plus de 20 ans. En effet, il est éternellement reconstruit après 2 décennies.

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La dernière reconstruction est de 2013, date à laquelle j’y suis allé pour la seconde fois. Encore fraîchement coupé, le bois de cyprès sentait sur tout le sentier. Incroyablement doux au touché, ses torii ont capté mon attention comme aucun jusqu’alors. Je contemplais ses fibres et sentais ses effluves enivrantes, comme si sa sève s’évaporait dans l’air pour embaumer les passants. Pas besoin d’encens ici. C’était encore plus beau, et bien sûr, éphémère. Le bois ne doit plus sentir autant aujourd’hui.

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Et c’est en ça qu’il est monumental ! Il ne l’est pas dans sa forme, il l’est dans son fond. Il l’est dans les efforts fournis. Il l’est dans la régularité à travers les âges de ses rituels. Il est ce qu’il y a de plus japonais. Il me force à me poser des questions. Car cette mentalité qui porte à reconstruire en permanence pour avoir perpétuellement du neuf se retrouve d’une certaine manière dans la manière dont sont pensées les villes ici. Les bâtiments prédateurs d’aujourd’hui seront un jour détruits comme leurs proie. C’est un cycle.

Seule au monde

Je colère toujours intérieurement quand je vois toutes ces vieilles maisons traditionnelles détruites ici sans la moindre « compassion ». J’ai toujours envie de faire changer les mentalités et sensibiliser un peu ces Japonais, qui pour la plupart, n’ont que peu d’intérêt pour les vieilles constructions. Mais, quand je repense à Ise, je me dis que je vais peut-être à l’encontre de cette culture. Je pense faire ce qui est bien, alors que je risque peut-être de souiller son processus spontané. Qui suis-je pour dire ce qu’il faut faire ou pas ?

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Tant qu’il y aura Ise, on pourra se rappeler ce qu’est l’âme esthétique japonaise ; quelque chose de presque incompréhensible pour nous autres Occidentaux sans apprentissage et investissement de soi. C’est tellement loin de nous à tous les niveaux !

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Des parallèles d’approche similaires existent dans d’autres domaines. La cuisine par exemple. Voyez la différence entre un bol de Ramen savoureux et un délicat bouillon de bonite et algue konbu. On n’est pas du tout dans la même approche gustative. Le Japon c’est à la base plus le bouillon d’algue que le bol de ramen à base de porc. Le Japon c’est plus une sucrerie faite de riz et de haricots rouges qu’un Melon Pan.

Daifuku

Pareil dans la littérature. Haruki Murakami a une reconnaissance planétaire mais est avéré par beaucoup comme le plus « occidental » des écrivains Japonais. La démarche à fournir pour saisir ses livres n’a rien à voir avec celle pour appréhender un livre comme « Oreiller d’herbe » de Natsume Sôseki.

De Nikko au bol de ramen, de Murakami au Pavillon d’or, toutes ces choses sont la réalité du pays aujourd’hui. Ils sont le Japon, mais c’est bien de se rappeler que les contrastes de ce pays sont aussi ailleurs que là où on nous dit systématiquement qu’ils sont. Vous connaissez la chanson …

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Dompter la rue

Quand on fait de la photo je crois que le comportement le plus naturel est d’appuyer sur le déclencheur quand on voit quelque chose qui nous frappe. Ça doit être spontané, au moins lorsque l’on débute. À l’époque, je faisais surtout des paysages. Je voulais montrer les rues, les ambiances, le décor du Japon, pays dont je rêvais.  Tout ici me semblait si fascinant ! J’adorais observer ce monde passivement, sans le bousculer. Je ne voulais pas l’influencer.

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Lorsque j’ai commencé, je n’aurais pas pensé continuer à faire encore aujourd’hui autant de photo. C’est le fait de voyager au Japon qui m’a poussé à commencer. Aujourd’hui je vois ça comme un fil rouge de ma vie, d’autant plus que je vis au Japon et que d’une certaine façon, c’est comme être en voyage de manière permanente, à la différence près que je fais maintenant aussi partie de ce monde. Je n’ai plus de raison d’être passif. En tout cas j’évolue avec mes envies photographiques et explore à mon rythme, et sans prétention, cet univers si riche et complexe.

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Ces derniers temps, j’ai l’impression d’avoir fait un peu le tour quant à ma manière de procéder jusqu’à aujourd’hui. Il est temps d’explorer de nouveaux horizons. On pourrait tomber dans le piège de vouloir renouveler son matos pour changer d’air (ce dont j’ai envie au fond de moi, je ne vous le cache pas), mais au delà du matériel, j’ai des idées en tête. Seulement, il me faudra du temps pour amorcer concrètement tout ça. Je veux changer ma manière de faire, mon approche, aller plus loin, aller plus dans l’humain.

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À force de m’enfoncer dans les couches sociales les plus profondes de la société nippone, je suis de plus en plus sensible à la condition des hommes et des femmes que je croise. Je le dis souvent, le Japon est beaucoup plus complexe et inégal que ce que l’on en voit habituellement. J’aimerais un peu plus immortaliser ces personnes dans leur environnement. Ils sont la vie et font la vie.

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J’ai toujours eu un peu de mal avec une approche trop « anthropocentriste » dans l’art. Mettre l’homme au centre de tout, inondant le reste, ne m’a jamais attiré vraiment. Néanmoins, à moi cette fois-ci d’essayer de dompter un peu plus la rue pour élargir mon angle, aiguiser mon regard et améliorer ma technique photographique.
C’est drôle mais là où l’homme se trouve j’aime le noir et blanc en photo. J’ai l’impression que ça permet de se concentrer plus facilement sur les choses essentielles qui se dégagent d’un cliché.

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Mais attention, je reste dans la continuité et si quelque chose me frappe, je continuerais de shooter comme au bon vieux temps. Les hommes c’est bien, un soleil d’été aussi 🙂

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Projet de reportage audio sur Osaka

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J’attire votre attention sur un projet en cours de financement sur KissKissBankBank, plateforme de crowdfounding française. Ce projet se nomme :

Osaka, la cuisine de l’Empire

Initié par Audrey, journaliste que j’ai eu la chance de rencontrer lors d’un Osaka Safari fin 2013, ce projet a plusieurs points originaux :

  • c’est un reportage audio, ce qui est pertinent dans un pays très sonore comme le Japon (si vous me croyez pas, descendez un peu plus bas ^^)
  • il se concentre sur la ville d’Osaka, ce qui est un bol d’air frais en soi
  • il met en avant la thématique gastronomique nippone, en particulier l’Osaka Food Style = la bonne bouffe généreuse qui ne se prend pas au sérieux

Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici ci-dessous un sample audio immersif. Je me souviens encore que suite à mes premiers voyages ce sont ces sons qui me foutaient le plus le cafard, comme une grosse envie de monter dans le premier avion pour débarquer direct au Japon.

Alors pour soutenir ce projet je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous :

http://www.kisskissbankbank.com/osaka-la-cuisine-de-l-empire

Nous vous remercions d’avance pour votre aide. N’hésitez pas à partager ce lien et à parler du projet. Vous pouvez aussi suivre les actualités sur la page Facebook dédiée au reportage : http://www.facebook.com/pages/Osaka-la-cuisine-de-lempire/855292637832928?fref=ts

Merci à tous !

 

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Le Musée d’histoire d’Osaka

Par Posted on 3 min lecture

Considérée comme une ville sans patrimoine, Osaka jouit pourtant d’un Musée ouvert depuis 2003 retraçant la riche histoire de la cité.  De quoi tordre le coup à de fausses accusations, pour qui saura tendre l’oreille.

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En réalité, peu de villes au Japon peuvent se targuer d’avoir une histoire aussi vivace et ce, depuis l’antiquité japonaise. Le fer de lance principal de cette longue histoire est sans nul doute possible le Palais Impérial de Naniwa, dont on peut admirer une reproduction à taille réelle de quelques piliers ainsi que des costumes des membres de la cour.

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Que reste-t-il de ce Palais ? Plus grand chose. Voici le site des vestiges du Palais Impérial de Naniwa, premier de l’histoire à être concrètement établit en s’inspirant du modèle chinois. C’était en l’an 645. Il a ensuite brûlé et été reconstruit en 726 pour devenir capitale secondaire après Nara. Vous pouvez admirer ci-dessous la route qui coupe le site, construite à une époque où l’on ne savait pas où se trouvaient les vestiges du palais.

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On retrouve de nombreux objets récupérés lors des fouilles.

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Ce Musée est un savant-mélange entre objets anciens exposés et reconstitutions ludiques. On avance en son sein en remontant le temps de l’histoire de la ville. De l’époque ancienne, au moyen-âge, jusqu’à l’ère Showa avec de très jolies maquettes.

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Estampes, illustrations, paravents, kimono, reconstitutions des fameux ponts de Naniwa pour se rappeler du développement de la société japonaise. Avec le château d’Osaka (version Toyotomi) en fond.

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Et puis l’époque Edo, et le développement commercial d’Osaka, considérée comme le garde-manger du pays durant ces temps anciens.

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On remonte tout doucement jusqu’à l’époque moderne et son développement industriel mais aussi économique. On voit des photos, des vidéos, l’arrivée des cabarets, du Music-hall, des chanteurs et comiques populaires. On voit des femmes en kimono face à des vitrines d’habits occidentaux. La transition culturelle d’un pays qui continue de s’ouvrir au monde encore aujourd’hui. C’est donc aussi l’histoire du Japon que l’on découvre à travers celle d’une de ses villes emblématiques qui est là depuis le début.

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On est très loin du musée rébarbatif. C’est bien présenté, ça joue sur les sens et met en relief l’histoire d’une ville méconnue. On a même droit à un espace interactif pour sensibiliser les visiteurs à l’archéologie.

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Tout n’est pas traduit en anglais mais les principales informations le sont. C’est une visite sympa pour les curieux, les amateurs d’histoire ou les voyageurs qui veulent échapper une éventuelle pluie lors de leur passage à Osaka. C’est une visite que vous pouvez faire sans moi, hors des Osaka Safari, même si nous pouvons y aller ensemble si vous en faites la demande.

Je précise également qu’il y a régulièrement des expositions temporaires particulièrement intéressante en rapport avec l’histoire et la culture japonaise comme les armures de samouraïs ou les estampes.

INFORMATIONS
Osaka Museum of History – 大阪歴史博物館
Admission entre 9h30 〜 16h30 (jusqu’à 19h30 le vendredi)
Fermé le mardi (ou le jour suivant si le mardi est un jour férié)
Sortie n°9 ou n°2 de la station de métro Tanimachi 4-chome (ligne Tanimachi ou Chuo)
Prix : 600¥ (adultes), 400¥ (étudiants), gratuit pour les enfants
Pour plus d’infos : http://www.mus-his.city.osaka.jp/contents/eng/index.html

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Face à face avec les Nio

Par Posted on 1 min lecture

Devant la plupart des temples bouddhistes, se trouvent deux gardiens humanoïdes. Pourtant, lorsqu’on s’approche d’eux, ils ne semblent plus leur rester grand chose d’humain. Ils ont le regard rouge de colère, la grimace facile, une musculature exagérément prononcée et une taille qui ferait passer les pauvres hommes que nous sommes pour de faibles créatures. Vous êtes face à face avec les Niô. Mais si votre esprit n’est pas mauvais, vous n’aurez rien à craindre d’eux. Pour les autres, j’espère que vous connaissez deux, trois prises de judo 🙂

Souvent gardés sous des grillages, il est parfois difficile de les photographier sans faire ressortir ces formes de métal.

Autour de leurs pieds poussiéreux on aperçoit parfois quelques pièces, comme si certains voulaient payer leur droit de passage. Ont-ils un doute sur la qualité de leur âme ?

Osaka n’est pas en reste elle aussi avec ces deux gardiens imposants. Ceux du temple Shitennoji me plaisent bien dans leur style classique. Mais Osaka c’est aussi une ville forte en originalité et certains de ces êtres menaçants se muent parfois dans des corps autres qu’en bois.

Un la bouche ouverte, l’autre, la bouche fermée. Le binôme des forces actives et passives.

Au pays de l’harmonie et de la retenue, ces êtres expressionnistes figés dans l’éternité n’en ressortent que plus forts !

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De passage pour l’éternité ?

Par Posted on 2 min lecture

C’est toujours étrange de vivre dans des villes immenses comme Osaka. Dans les gares, on se croise tout en faisant bien attention à ne jamais vraiment interagir avec l’autre. On vit ensemble mais sans se connaître. On se tolère mutuellement.

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Dans la société d’aujourd’hui, on ne se bat plus vraiment pour la liberté. On l’affiche encore mais elle est devenue presque banale dans un champ d’antennes et de paratonnerres.

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Même si on a beau nous dire quand nous devons traverser une route, on est libre d’emprunter celle que l’on veut.

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La dernière fois que je marchais dans l’allée ci-dessous, je n’imaginais pas que ce serait la dernière fois. Le lendemain, un incendie s’est déclenché dans un de ces petits restaurants de bois collés les-uns aux autres. Une trentaine de maisons ont brulé, envolées en fumée avec les restes d’un Japon populaire « à l’ancienne » voué à disparaitre … un jour. Il paraît qu’un rat aurait rongé un câble qu’il valait mieux ne jamais contrarier. Certains se frottent sûrement les mains à présent, prêts à nous installer à la place de flambants neufs Starbucks, MacDo ou Uniqlo. Je croise les doigts.

Juso

Chaque créature cherche son chemin,  sa survie, avec toutes les erreurs que cela peut malheureusement parfois engendrer.

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 On a souvent l’impression d’être en face de quelqu’un quand on place ses pions sur le plateau de la vie.

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On continue de marcher. On avance vers son propre lendemain. Ceux qui suivent le rythme nous entourent. Les autres, on ne les voit plus vraiment à l’horizon. Ce qui est derrière soi n’existe plus.

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Chacun gère son petit monde et s’offre ses libertés ; des moments intimes entre soi et le temps que l’on s’octroie personnellement.

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On descend, on monte. On a même plus besoin de regarder devant soi pour le faire. Du temps en plus pour ne pas lever les yeux.

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J’adore observer ce petit monde qui tourne tout seul. Armé de mon appareil photo et de ma tête blonde, les gens ici pensent que je ne fais que passer. Je suis pour eux un touriste sans lendemain sur ces terres. Alors, je passe, encore et encore. Je m’octroie moi aussi des moments solitaires bien que je sois rarement seul quelque part, même sous la pluie.

sous la pluie

À force de passer, certains finissent par me reconnaître. On se parle. Je deviens peu à peu un des leurs. Non pas ethniquement parlant mais on m’assimile peu à peu à la vie de cette ville qui est leur foyer natal.

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Il faudra du temps encore. Des étés et des hivers. Des moments de bonheur. Des crépuscules et des couchers de soleil.

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Des pleurs et des rires pour que la vie nous envahisse et transforme cette terre d’accueil en un lieu qui nous apaise. Le genre d’endroit où l’on se dit tout bas qu’il fait bon d’être chez soi.

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Amertume, douceur et apesanteur

Par Posted on 2 min lecture

On ouvre la porte d’entrée, le corps à moitié dans l’air froid hivernal de l’extérieur. La chaleur d’une atmosphère intérieure nous invite à rapidement refermer la porte derrière soi. Les formules d’accueil habituelles au Japon effectuées, et ma légère inclinaison sont les premiers échanges entre les personnes ici présentes et moi.

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Le bois domine dans cet espace où se mélange la lumière du jour et celle chaleureuse des lampes. Je m’installe à une table, me met à l’aise et ouvre le menu. Je suis ici pour boire du thé vert accompagné d’une douceur japonaise. Le matcha j’en ai si souvent bu, j’adore ça, mais cette fois-ci j’aimerais goûter un sensha un peu particulier escorté d’un daifuku. En attendant, je me déplace pour observer la gallerie de poteries exposées ici par des artistes de la région.

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Le daifuku m’est servi. Un petit corps rond appétissant ! Une peau de pâte de riz recouvrant une chair de purée de haricots rouges, autour d’un coeur de fraise que l’on devine à peine par transparence.

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Un sablier sert à faire le décompte des trois minutes d’attentes nécessaires pour la première infusion. Il y en aura trois en tout, de la plus faible température à la plus haute. Plus l’eau est chaude et plus l’amertume a envie de quitter sa maison de feuilles vertes.

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Du jazz en fond sonore. Un service aux petits soins, tout en douceur. On échange quelques mots avec des inconnus. On se sent chaud de thé, et baigné de calme.

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Le béton, le circulation, la ville d’Osaka, là dehors, on l’a presque oubliée, si ce n’est le charmant accent du Kansai qui flotte jusqu’à mes oreilles pendant que je regarde seul, et immortalise en photo, la décoration alentour.

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Deuxième et troisième infusion. À chaque fois le goût se mue sans répétition. Pour finir, on me prépare une dernière surprise. Le reste des feuilles de thé vert pressées, recouvertes d’un filet de sauce soja et de katsuobushi, des flocons de bonite séchés et fumés. Un délice ! Une touche salée et iodée, pour clôturer cet interstice d’apesanteur au coeur de la journée.

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Voilà une nouvelle adresse que je proposerais désormais bien volontiers aux amateurs de thé lors des safaris photo à Osaka.

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Osakura

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Osaka la laide. Osaka la méconnue. Se pourrait-il que l’image de cette ville puisse éclore à nouveau comme le font les Sakura au Japon chaque année ? Se pourrait-il que ces fameux arbres daignent fleurir aussi dans cette citée mal aimée ? N’est-ce pas qu’un privilège pour les plus (soi-disant) belles ?

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Bien sûr que non ! Même dans le pire des dépotoirs, les cerisiers japonais fleurissent. Même dans la pire des conditions, les Sakura sont le symbole du renouveau annuel, comme une envie de tourner la page de sa vie. Que réserve cette cuvée 2014 pour Osaka ?

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En tout cas, comme chaque année, je me réjouis de revoir ces fleurs de cerisier. C’est un moment spécial. Je préfère la démentielle beauté de l’automne mais le printemps est chargé d’espoir. C’est la pente ascendante de la vie. Le temps est à la fête.

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Osaka regorge de lieux propices pour profiter du Hanami, comme toutes les villes du Japon. Pour profiter purement et simplement des cerisiers au Japon, vous pourriez être aussi bien à pétaouchnok qu’à Kyoto. Tant que vous êtes au bon endroit au bon moment pour coïncider avec la pleine floraison.

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Chaque année, le temps me manque pour aller prendre tranquillement des photos car les cerisiers riment aussi avec haute saison touristique. Ça bosse dur ! Alors, je fais de mon mieux avec le temps qu’il m’est imparti. Car photographier les Sakura ressemble parfois à un marathon pour les photographes. On vient chasser la fleur comme on viendrait chasser une bête dans la jungle.

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En cette période, je me laisse surprendre à chaque fois par la beauté de ces arbres, ainsi que par le comportement des gens autour de moi. Pour les Japonais on dirait que les Sakura sont comme la lumière dans le noir.

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Ils s’immortalisent avec chaque année comme pour figer cette floraison si éphémère. Ils grandissent avec ça et répètent encore et toujours les mêmes gestes machinalement, comme ils le font dans des sanctuaires, priant des dieux dont ils ne croient pas l’existence. Peu importe la finalité, l’important c’est le geste. L’important c’est l’instant et non les conséquences de celui-ci.

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Un bourgeon fleurit pour mourir. Une vie s’allume pour s’éteindre. L’oeil finit toujours par cligner. Le coeur se contracte entre deux pauses. Un instant, une année et ça repart, encore et encore. À l’année prochaine …

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Le paradis du Flipper à Osaka

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Lors d’une de mes régulières explorations de la ville d’Osaka, je suis tombé par hasard sur une salle de jeu spécialisée dans les Flippers. Je ne suis pas personnellement un fan irréductible de ce jeu mais j’adore leur charme rétro type année 80/90.

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The Silver Ball Planet est une salle où se trouve une belle brochette de ces rectangles colorés. Je ne me souviens pas en avoir vu autant réunis au même endroit. Pour les fans, il y a vraiment matière à s’éclater ! Notez que les parties sont à 100¥.

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Certains sont de véritables bombes de nostalgie ! Japon oblige, il y a des Flipper sur l’univers de Mario !

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Ce genre de salles me font toujours peur. Trop ciblées pour qu’elles perdurent sans encombre. Mais ce jeu, passé aux oubliettes, semble avoir encore une communauté de fans actifs lors d’évènements et de tournois créés pour l’occasion. Ceux de tout le Kansai se réunissent d’ailleurs parfois ici.
Je n’aimerais pas la voir fermer. Il faut soutenir ce genre d’initiative. Je me charge donc simplement de relayer l’information afin de donner, moi aussi, un petit coup de pouce à cette salle en plein coeur du quartier d’Amemura.

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Et n’oubliez pas au passage d’admirer les escalators arrondis du Big Step, le centre commercial où se trouve cette salle !

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INFORMATIONS
The Silver Ball Planet – ザ・シルバーボールプラネット
11:00 〜 20:00
Nishi-Shinsaibashi 1-6-14, Chuo-ku, Osaka
Tél : 06-6258-5000
Situé au 3eme étage du centre commercial Big Step à Amerika-mura
Pour plus d’infos : http://big-step.co.jp/event/detail/52/

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Assister à un tournoi de Sumo à Osaka

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Bien que trouvant ses origines dans le Kansai (région de Nara plus précisément), le sumo est aujourd’hui surtout vivace à Tokyo. Cette dernière jouie des meilleurs infrastructures de tout le pays. C’est aussi dans la capitale que se trouvent la plupart des Heya, les écoles de sumo. Mais, sport national emblématique oblige, les tournois ont lieu dans plusieurs villes : Tokyo bien entendu, mais aussi Nagoya, Fukuoka et Osaka.
Cette année je suis allé pour la première fois voir un tournoi de sumo à Osaka. Chaque année il a lieu en mars dans le Gymnase Préfectoral d’Osaka, à Namba, fardé pour l’occasion.

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Les tickets sont valables à la journée. Il vous est possible de sortir une fois seulement. Tôt le matin, dans une salle presque vide, s’affrontent les jeunes sumo des divisions les plus basses. Plus on avance dans la journée et plus on monte en niveau pour atteindre les grades Juryo vers 14h20, puis Makûchi vers 15h45. Chaque changement de grade commence avec la présentation des lutteurs et de petites cérémonies.

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Le niveau Makûchi est celui où l’on peut voir les lutteurs stars des plus hauts niveaux, comme les Yokozuna et les Ozeki. Yokozuna est un grade honorifique donné à vie aux tout meilleurs sumo.

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Le sumo était à l’origine un cérémonie shintô. Ce sport est encore aujourd’hui régi par les codes de cette croyance religieuse locale. C’est pourquoi nous retrouvons par exemple un toit de sanctuaire shintô en suspension au dessus de l’arène.

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C’est une expérience étrange et fascinante. Ces lutteurs sont très souvent impressionnants ! L’énergie qui se dégage de leur confrontation se ressent jusqu’au loin dans les tribunes. Et tout ce qu’il se passe avant et après le combat est intéressant bien qu’un peu répétitif. Tout est codifié et l’on ne peut échapper à la procédure. J’aime beaucoup celle du jeté de sel servant à purifier l’arène.

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Dans le sumo l’erreur est fatale. Pas de points ici. On n’a pas le droit à une seconde chance. On gagne ou on perd. Ça se joue en quelques secondes, comme la vie qui peut basculer en un instant. L’enjeu est d’autant plus grand et beau que le duel est sévère et imprévisible. On perd son souffle durant ce moment, en apnée, où le lutteur s’apprête à tomber où toucher l’extérieur de l’arène, sonnant ainsi la fin du combat.

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Le temps de préparation, le mise en position d’attaque qui n’arrive jamais du premier coup mais toujours suite à un recommencement d’une ou plusieurs préparations font de ces tournois quelque chose de spécial. L’attente ne fait que décupler le plaisir et la surprise. C’est le calme avant la tempête. Un concept pas toujours facile à comprendre pour beaucoup d’Occidentaux qui ont du mal à apprécier l’importance de ses temps morts. Le plaisir est toujours décuplé quand ce dernier est régulé.

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COMMENT ACHETER LES BILLETS
Vous avez beaucoup d’informations sur ce site : http://sumo.pia.jp/en/

Il est également possible d’acheter des tickets à l’avance via https://buysumotickets.com

Vous pouvez acheter des tickets en allant sur place le jour-même. Normalement, il n’est possible que d’acheter des tickets pour la journée en cours. Afin d’être sûr de votre coup, le plus simple est encore d’aller dans un Conbini (Convenience Store) comme il y en a partout au Japon (7eleven, Lawson, Family Mart etc) et de demander de l’aide auprès du staff pour qu’ils vous guident face à la machine automatique de vente des billets. Dites-leur cette phrase qui va à l’essentiel :

« Ozumo no tikétto ga kaitai. Tétsudatté molatté ii desuka ? »
(prononcez-bien toutes les lettres)

Il faudra au préalable avoir décidé quel type de place vous désirez avec l’aide du site partagé plus haut et de le dire au staff.
La machine vous imprime alors un ticket et vous aurez 30 minutes pour aller réglez la somme correspondante à la caisse du conbini pour obtenir les véritables places.
De préférence, je vous conseille de prendre des places autres que dans la face sud. Vous aurez très souvent l’arbitre qui vous cachera la vue devant les lutteurs. Fort heureusement, vous pourrez vous déplacer relativement librement dans la salle pour trouver le meilleur angle photo.

Cette année, vous avez jusqu’au 23 mars 2014 pour en profiter. Alors si vous êtes dans le Kansai encore d’ici-là, ne ratez pas l’occasion. Et profitez-en pour passer une soirée à Dotombori tant que vous y êtes 🙂

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