Osaka est parfois mal aimée. Dans le monde entier il existe des villes à l’ombre de starlettes qui attirent souvent toute l’attention sur elles.
Suivant une idée de Jordy du site Totoro Times (dont je salue le travail ici) je vais m’atteler à la tâche suivante : expliquer pourquoi visiter Osaka quand on connaît déjà Tokyo. Exercice complexe mais je vais tenter d’apporter des éléments. Je rappelle que le meilleur moyen de comprendre c’est encore de me suivre quotidiennement sur le blog, instagram, twitter ou facebook. En effet, il est impossible de traiter exhaustivement un sujet si complexe en quelques lignes.
EDIT : Tokyo est et demeure une ville incontournable. C’est là que j’ai eu mes premières expériences au Japon et je l’apprécie beaucoup. J’étais hyper enthousiaste à l’époque mais sait aujourd’hui tempérer un peu les ardeurs quant aux qualités qu’on lui attribue parfois trop facilement. De la même manière Osaka a des défauts dont je suis bien conscient mais cet article est là pour souligner ses qualités et ses attraits parfois méconnus.
Ne pas visiter Osaka parce qu’on a vu Tokyo ce serait, toutes proportions gardées, un peu comme dire « je ne vais pas à Marseille car j’ai déjà vu Paris ». Tokyo et Osaka, ce sont des régions, des mentalités, des ambiances, des habitudes différentes.
On ne va pas y aller par quatre chemins. Si vous cherchez uniquement les attraits culturels et historiques les plus fins du Japon, ben restez sagement à Kyoto, c’est le top du top. Si vous cherchez les plus beaux paysages naturels, pas besoin de sortir de France, les Alpes vous en donneront pour votre argent. Mais une telle vision reflète un esprit plat. D’ailleurs certains kyotoïtes font parfois les blasés en dehors de leur ville sous pretexte que tout est plus beau à Kyoto. La réalité du voyage et du pays qu’est le Japon ne se limite pas à quelques villes sous les feux des projecteurs. La découverte ne se prend jamais par un seul bout. Pour saisir, comprendre et approfondir il y a des alternatives, il y a des villes comme Osaka.
SUR UN PLAN COMPARATIF
LA FORME DE LA VILLE EST DIFFÉRENTE
Le centre de Tokyo est vide. La ville tourne autour du Palais Impérial et de son agréable parc. Le centre d’Osaka est animé et actif. La ville converge vers son coeur mais se déploie toute de même de manière tentaculaire.
UNE HISTOIRE DIFFÉRENTE
Osaka a environ 1000 ans de plus que Tokyo. On y trouve régulièrement des vestiges du passé lors de chantiers dans les zones historiques. De plus, la capitale japonaise a été fondée pour accueillir les bushi dans des résidences appelées des « Yashiki ». Si Osaka a joué le rôle de capitale impériale au 6e siècle, elle s’est développé ensuite par des commerçants qui avaient plus facilement le sens de la vanne et de l’effort que les hautains samuraïs d’Edo qui vivaient sur le dos des gens.
RIVALITÉ
Osaka est la seule ville jouissant d’un impact suffisant pour soutenir la comparaison avec Tokyo. D’ailleurs on pense souvent que c’est la seconde ville du pays. Si elle en a indéniablement l’aura, en réalité c’est la 3e ville en terme démographiques et même la 4e lorsque l’on parle de taille intra-muros.
Alors comment cette ville fait pour avoir un tel aura à l’échelle nationale ? Merci qui ? Merci à ses habitants, inventeurs, précurseurs ou visionnaires ; de Yasunori Kawabata, prix nobel de littérature, à Fukuzawa Yukichi, l’homme derrière le plus gros billet japonais, en passant par le tout nouveau nobel de médecine 2012, Osaka a toujours été un vivier de talents.
DURÉE DU SÉJOUR
Osaka souffre du fait qu’on ne l’explore pas en profondeur. Y rester une demi-journée ou un jour ne suffit par pour avoir un avis objectif et complet. Car je le rappelle Osaka c’est deux fois Paris en taille. Il est naturellement plus facile d’aimer Tokyo quand on y passe 8 jours. Comment Osaka pourrait-elle faire le poids ?
PROPRETÉ & RICHESSE
La ville se mue et s’embellit à mesure que le temps passe. Elle prend conscience de sa valeur et se fait de plus en plus coquette malgré qu’elle soit plus sale que Tokyo. C’est que la propreté a un coût et Osaka est bien moins riche que la capitale nippone. C’est sûr, à Osaka il y a moins de petits vieux payés pour essuyer des rampes d’escalator déjà propres.
QUARTIER DE L’ÉLECTRONIQUE
DenDen Town à Osaka fait face à un Akihabara qui se dénature peu à peu. Certains connaisseurs viennent exprès à Osaka pour faire leurs emplettes car il paraît qu’on y fait souvent de meilleurs affaires que dans la capitale.
ESPRIT DÉJANTÉ
Face au classicisme des temples de Kyoto, il est parfois sympa de venir voir les libertés que prennent ceux d’Osaka. L’esprit décomplexé est une des particularité les plus significatives de la ville. Et si vous pensez que Tokyo a le monopole en terme de mode, détrompez-vous. Le style d’Osaka pourrait parfois faire passer celui de la capitale pour un truc fade.
TOURISME
En dehors du château et de quelques spots connus, Osaka offre la possibilité de visiter de nombreux lieux sans être entouré de touristes. Ici, les « temples-business » comme on en voit souvent dans les zones touristiques sont presque inexistants et les moines des temples ont souvent beaucoup de temps à consacrer aux visiteurs.
URBANISME
Je l’ai déjà dit par le passé : on attribue souvent à Tokyo des particularités qui ne lui sont en aucun cas exclusives mais qui sont, en réalité, propres à toutes les grandes villes japonaises. Osaka jouit aussi d’un urbanisme impressionnant, complexe, contrasté et fascinant.
Pour faire dans la démesure, il faut noter que le quartier possédant la plus forte concentration d’établissements commerciaux ne se trouve pas à Tokyo mais à Osaka.
AMBIANCE DE VILLAGE
Suite directe du point précédent, comme Tokyo, Osaka ce n’est pas une ville mais une succession de quartiers aux ambiances très variées. La capitale du Japon avance et évolue très vite. Ses quelques vieilles maisons résistent difficilement. Osaka est plus lente. On y voit des zones telles qu’elles étaient à Tokyo il y a encore quelques années. Les quartiers fait de vieilles baraques ne manquent pas du tout. Il suffit de savoir où chercher. Ainsi, les contrastes sont ici aussi impressionnants.
LES PARTICULARITÉS D’OSAKA
ARTS & THÉÂTRES
Ville d’artistes et de comiques. C’est une certitude pour tous les Japonais. Les arts de la scènes sont très présents ici et les rues sont souvent mélodieuses. Le Kabuki s’est vu modernisé à Osaka et le Bunraku, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, est un symbole de la capitale du Kansai.
UNE VILLE TOURNÉE VERS L’EAU
Osaka est un énorme port. On oublie vite ce point. Les rivières qui transpercent la ville rappellent le passé extrêmement aquatique de cette ville.
GASTRONOMIE
Surnommée le « garde-manger du Japon » par le passé, Osaka est encore aujourd’hui une capitale gastronomique. Ici, la cuisine est souvent populaire et généreuse avec notamment les brochettes panées kushi-katsu, les Okonomiyaki, les Takoyaki mais encore les Omurice.
Pour les amoureux de viande, sachez que temple national du Yakiniku se trouve aussi ici et que le Shabu-shabu a été inventé à Osaka. Mais la ville sait aussi manier le raffinement et comme on est dans le Kansai, le goût du dashi, ce bouillon omniprésent dans la gastronomie japonaise, est différent de celui à Tokyo. Si vous me croyez pas, allez manger des Udon pour voir 🙂 Même ceux des Conbini sont différents.
UNE VILLE MOINS CHER
Taxi, appartement, distributeurs, restaurants, hôtels, tout est globalement un peu moins cher qu’à Tokyo car on baigne dans une ambiance plus populaire.
ATTRAITS TOURISTIQUES
Le plus vieux temple bouddhiste officiellement enregistré au Japon se trouve à Osaka. Son nom ? Le Shi-Tennoji. Les temples des environs possèdent un style intéressant, plus proche du caractère originel de cette croyance venue au Japon via la Corée.
Le château aussi est un incontournable si vous êtes de passage. L’Aquarium est impressionnant. Dotonbori est un vraie claque ! Shinsekai est unique au Japon. Umeda rayonne de plus en plus et se transforme à une vitesse folle ! Le musée à ciel ouvert de vieilles fermes est très sympa aussi. De nombreux Musées valent le détour. Le grand sanctuaire Sumiyoshi n’est pas en reste non plus et tous les quartiers populaires que j’aime tant méritent l’attention. Mais plus que des lieux, Osaka est une ville à sentir. Il faut la dompter et se laisser surprendre par ses plaisirs.
CAPITALE DE L’ESPRIT « SHITAMACHI »
Shitamachi, c’est la ville-basse par comparaison à la ville-haute directement dépandante et protégée par une autorité locale souvent liées au château du coin. L’esprit Shitamachi, c’est celui des gens de tous les jours. Les braves gens simples des quartiers populaires qui ne se prennent pas au sérieux et qui, malgré un contexte défavorable, s’en sortent grâce à leurs efforts. Osaka regorge de ces quartiers où les effluves de cuisine se faufilent à travers des ruelles étroites et illuminées par des commerces parfois fait d’un rien ou de récup.
Osaka possède en plus le quartier le plus pauvre du pays où il est possible de sentir le côté craignos du Japon. Pour ceux que ça rebute, il vous suffira de ne pas y aller. Pour les autres, c’est dépaysement assuré ^^
POSITION GÉOGRAPHIQUE AVANTAGEUSE
Un des meilleurs pied-à-terre de tout le pays. Ici, il est très aisé de rayonner dans le kansai, une des régions les plus riches du pays.
UNE AMBIANCE NOCTURNE UNIQUE
C’est probablement le soir qu’Osaka revêt son plus beau costume au travers de ruelles baignées par l’esprit de la ville : festif !
LES HABITANTS
Une des plus grandes forces de la vie ici, ce sont les habitants d’Osaka. Leur dialecte et accent brise vite les murs de bienséance si imposants qui séparent les gens au Japon. Simples, naturels, directs, friendly, les osakaïtes ont souvent le sourire même si celui-ci n’est pas toujours des plus beaux 🙂 il a le mérite de venir du coeur.
CONCLUSION
Osaka est une ville mal connue, mal documentée. Ses secrets sont bien gardés et je suis un des seuls à les connaître. Je vous invite sincèrement à venir mais pour une expérience optimale vous n’avez pas beaucoup de choix : il faut me faire confiance et participer à une visite guidée à Osaka 🙂
Un jour Osaka sera à nouveau sous les feux des projecteurs . . .
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