On lit souvent qu’Osaka est une ville industrielle. Préciser qu’une ville japonaise est industrielle c’est un peu comme préciser qu’il y a une église dans un village de France. C’est une évidence. Oui, le Japon est un pays industriel, peut-être le plus industrialisé du monde si on le rapporte à sa surface habitable. Il suffit de prendre le Shinkansen pour s’en rendre compte. Même la touristique Kyoto possède des industries non négligeables. Ce qu’il faut comprendre par la phrase toute faite (et répétée bêtement par beaucoup) « Osaka est une ville industrielle » c’est que cette ville a joué un rôle fondateur et précurseur dans l’industrie nippone.
Comme tout le monde le sait, le Japon faisait parti de l’axe pendant la seconde Guerre Mondiale. C’était un pays détesté par une grande partie de la population mondiale. Détruit en grande partie et appauvrit, il a fallu repartir à zéro et relancer la machine. Le Japon n’a pas vraiment de matières premières. Donc pas possible de jouer la carte de l’exportation de matières. Le tourisme ? Qui serait allé passer quelques semaines de vacances chez un récent ennemi ? Il reste quoi ? L’industrie.
La politique paysagère et urbaine du Japon depuis 70 ans a été catastrophique d’un point de vue esthétique. Les rivières des villes, quand elles n’ont pas été asséchées et remblayées, deviennent souvent des zones d’ombre sous les autoroutes suspendues. Le gain de place et les aspects fonctionnels primaient sur le plaisir des yeux et le cadre de vie.
Heureusement, il se passe quelque chose au Japon. Le pays retrouve des couleurs depuis quelques années bien qu’il soit difficile d’effacer plusieurs décennies de dégradations esthétiques du revers de la main.
C’est absolument incroyable la concentration d’usines sur les littoraux japonais ! C’est là que se concentre la plus grande partie de la population ainsi que les plus grandes villes (hors Sapporo).
Je me souviens de ma première prise de conscience qu’il ne servait presque à rien, touristiquement parlant, d’aller explorer les ports des villes japonaises. Hangars, conteneurs, camions, cheminées, rouille, tubes de métal, réservoirs, poussières, effluves chimiques et bateaux de transport.
Je suis allé voir cet Osaka dont tant parlent mais que peu ont réellement vu. L’Osaka industriel, loin du centre de la ville.
Il y a quelque chose de très instructif dans ces zones. Il permet de comprendre sur quoi se base l’économie de ce pays.
Le Japon a réussi un exploit phénoménal ! Devenir une puissance mondiale, crainte et respectée en seulement quelques années après 1945. Revivre, travailler, manger est plus important que d’investir sur des aspects, de prime abord, plus futiles.
Parfois on y trouve quand même quelques surprises avec ces torii shintô proche des usines. Mais c’est cohérent. Ces petits sanctuaires sont souvent construits par des entreprises commerciales sur leur site.
Le mer que j’aime tant a prit un coup de massue mais mon coeur apprécie toujours de voir des bateaux.
Par beau temps la balade n’est pas désagréable non plus.
Il est important de remettre un peu les pendules à l’heure :
1/ La plus grosse région industrielle du Japon se trouve dans le Kanto avec les villes de Tokyo, Kawasaki et Yokohama.
2/ Les ports de conteneurs les plus importants du Japon sont (dans l’ordre d’importance) : Tokyo, Yokohama, Nagoya, Kobe et enfin Osaka.
3/ Kobe, qui ne soufre pas d’une image de ville industrielle possède pourtant un port à proximité de la ville les plus actifs du Japon, avec constructions de bateaux, conteneurs, raffineries et industries pétrochimiques. Osaka est plutôt réputée pour son industrie textile.
4/ À moins d’aller vers l’Aquarium, l’hypercentre d’Osaka n’est pas plus industriel qu’une autre ville japonaise. Au contraire, les zones d’intérêt touristiques sont parfois plus à l’abri visuel de ces activités peu gracieuses que certaines villes comme Kobe, Yokohama ou même parfois Tokyo. Mais est-ce pour autant que ces trois villes manquent d’intérêt ? Bien sûr que non !
Désormais, après avoir dit que vous irez visiter Osaka lors de votre séjour au Japon, et que votre interlocuteur vous répondra l’air étonné « Mais pourquoi visiter Osaka, c’est industriel ? », vous saurez quoi répondre.
À vous d’aller découvrir la ville sur place et d’en faire votre propre tableau.
Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_world’s_busiest_container_ports
http://en.wikipedia.org/wiki/Economy_of_Japan
__________
N’hésitez pas à commenter et partager l’article. Ça fait toujours plaisir 🙂
Suivez-moi sur Twitter, Facebook et Instagram
will-uchan
13 mai 2015Bonjour / Bonsoir (barré la réponse fausse).
Ça avait permis à Ôsaka d’avoir un statut de ville riche à une époque, statut qu’elle a bien perdue depuis.
Elle a tellement perdu se statut que j’ai ouï-dire que tout le monde c’est demandé pourquoi ce n’était pas Kobe au lieu d’Ôsaka qui accueillait l’aéroport international du Kansai (Aéroport plus proche de la pref. de Wakayama d’ailleurs que d’Osaka. Mais qui m’arrange tout de même beaucoup plus par ça situation géographique que si c’était à Kobe ^^).
Angelo Di Genova
13 mai 2015Aussi loin que l’on puisse remonter l’histoire d’Osaka (et elle est longue) ça a toujours été une ville importante et assez riche. La période noire correspond à la crise économique japonaise du début des années 90 où Osaka a vraiment prit la chose de plein fouet. Mais le dynamisme revient peu à peu. Il y a depuis 2008 de très gros projets d’urbanisme notamment sur Umeda qui prouvent que la machine repart.
Je tiens à souligner que malgré ce coup de mou, Osaka reste la seconde ville après Tokyo d’un point de vue économique. Ce classement de 2008 la place même 7e rang mondial par PIB : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_villes_par_produit_intérieur_brut
Osaka est d’ailleurs probablement la ville la plus à même d’être capitale du Japon actuellement après Tokyo, du point de vue des infrastructure notamment.
Ta remarque sur le Kansai Airport m’étonne. Je n’ai jamais entendu ça. Kobe ne fait vraiment pas le poids face à Osaka en tant que hub de transport ou encore en terme économiques. De plus, elle a déjà un aéroport. La position du Kansai Airport permet aussi de désenclaver un peu la préfecture de Wakayama. Un aéroport sur une île artificielle dans la baie d’Osaka plus au nord entre Kobe et Osaka aurait été pratique, c’est vrai, mais si ça n’a pas été fait c’est qu’il doit y avoir une raison.
Pour terminer je souligne que le Narita Airport ne se trouve pas non plus dans la préfecture de Tokyo 🙂 Le Japon a le chic de construire des aéroports loin des villes.
Kansaijin
20 mai 2015On dit ça d’Osaka en particulier ? Quand j’avais décidé d’aller au Japon, on m’avait dit « Ya rien là bas à part des volcans et des usines ! Ces paysages industriels ont quelque chose de fascinant, surtout en contraste avec le protique Torii rouge. Je suis toujours impressionnées par ceux qui longent la route de l’aéroport du Kansai. Connais-tu les excursions ツアー industriels ? Je ne sais pas si ça se poursuit mais il y a quelques années c’était très à la mode. De nuit, avec les lumières, il se dégage une atmosphère particulière aussi. L’idustrie, ça fait partie de ce qu’est le Japon, en effet. Ce que je déplore le plus, ce sont ces côtes remplies d’usines après avoir saccagé toutes ces plages aux pins… C’est moche et déprimant, même si on reste réaliste ! Et,, bien sur que non, pas seulement à Osaka, mais un peu partout dans le pays ; je te rejoins sur l’image d’Osaka ! Ganbatte !
Kansaijin
20 mai 2015Je voulais dire « impressionnée »