Dans de nombreuses cultures, le feu évoque les âmes des défunts. Ce même feu qui a tué tant de personnes ici au Japon. Guerres et catastrophes naturelles viennent compléter de réguliers incendies domestiques qui ont lieu encore aujourd’hui. La maison de bois est un combustible de choix, surtout lorsqu’elle est collée à des semblables.
Aujourd’hui ce sont les bougies qui flambent. Ces dernières, marquées des noms des défunts, se consument tandis que les passants inhalent ces effluves de cires brûlées mélangées à la moiteur de cette soirée d’août.
En ce moment, c’est Obon, la fête des ancêtres. Un hommage, une pensée, un retour vers le passé, un regard vers l’au-delà et ses âmes dissipées, loin de la réalité de ce monde.
Il est toujours étonnant de voir comment l’homme imagine l’âme sous la forme d’une flamme. Il semblerait qu’on soit tous aisément captés par cet éclat qui réchauffe le coeur, comme une lueur d’espoir dans ce bas monde parfois froid et pénible. En passant près des bougies, je sens la chaleur inonder mes joues. Pendant la fête des Morts, je rougis d’abondance de vie.
Au temple Shitennoji d’Osaka, on commémore chaque année Obon avec des bougies et les prières des moines qui circulent dans l’enceinte de ce lieu historique.
Comme une parenthèse dans sa vie, on vient prier pour se commémorer. Le temps se fige même si au loin la vie contemporaine continue de grimper vers le ciel.
Otoke-sama est éclairé ce soir, éclatant comme les flammes des bougies. Il est rare de le voir ainsi dans ce temple. Familles, couples, tous les âges viennent ici perpétuer la tradition, la culture de leur pays dans un respect simple et léger, déchargés de dogmes pesants et obscurs qu’imposent parfois nos religions monothéistes.
Tout ce qui brûle ne se consume pas forcément. Tout ce qui chauffe ne s’enflamme pas forcément. Tout ce qui est invisible n’est pas transparent forcément. Tout ce qui ne s’explique pas n’est pas irrationnel forcément.
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Camomille
16 août 2015Très jolies photos et texte! L’atmosphère de ces célébrations doit être particulière, je trouve que ces mots en donnent une bonne idée!
Tooncec
21 août 2015Quelle belle prose, quel beau partage, merci !
C’est à l’occasion de moment comme celui-ci que l’Homme prend conscience de l’impermanence des gens, des sentiments, des choses, des instants…
Angelo Di Genova
22 août 2015Merci à toi pour ce commentaire ! Ça fait plaisir 🙂